Résumé
Départ en vacances (responsables) ou comment voyager autrement?
23 novembre 2021
Nos invitées :
Pauline Le Vexier
Responsable Marketing et Communication Chilowé
Jérémy Almosni
Directeur régional ADEME Ile-de-France
Claudia & Clément
Blogueurs voyage Clo&Clem
Edito
En 2019, il y a 2 ans et juste avant la pandémie du Covid, on comptabilisait 1,5 milliards d’arrivées de voyageurs internationaux.
C’est énorme.
Voyager aujourd’hui c’est plutôt simple (hors contexte de pandémie évidemment…) : Augmentation du pouvoir d’achat, transports moins chers (compagnies low-cost, promotions en ligne…), améliorations technologiques (transports + rapides, + performants…), des facilités sur la délivrance des visas à travers le monde.
Les voyages sont donc plus fréquents, les séjours sont moins longs et les destinations sont de plus en plus lointaines
C’est ce qu’on appelle, le tourisme de masse.
Il est moteur de l’économie mais nos vacances ont aussi un prix écologique.
Entre pollution, dégradation des sites et de la biodiversité, le tourisme de masse a clairement atteint ses limites. Aujourd’hui on ne peut plus continuer comme ça. Individuellement, cela demande de repenser la manière dont on appréhende nos vacances et les voyages. Collectivement, une transformation du secteur du tourisme doit s’opérer. Le tableau n’est pas totalement noir, la prise de conscience est là avec la volonté de voyager en tenant compte de la préservation de l’environnement.
« Il y a un enjeu d’équilibre entre développement, croissance et part d’émission de gaz à effet de serre »
Pour commencer cette causerie, Jérémie nous a rappelé quelques chiffres. L’ADEME a réalisé récemment le premier bilan carbone du secteur du tourisme en France :
Économiquement parlant, le tourisme représente 7,4% du PIB Français. « Au-delà de son impact environnemental c’est aussi un secteur qui apporte et qui participe à la croissance du pays ».Aussi, le tourisme en France représente 11% des émissions de gaz à effet de serre (GES) du pays.
L’impact environnemental du secteur est donc conséquent.
Ce chiffre est expliqué par différents facteurs, « tout cela est lié à la consommation touristique : l’hébergement, la restauration et l’achat de biens touristiques. Si on fait un focus sur l’hébergement à lui seul, il représente 7% des GES. »
Autre post de forte émission, le transport « Les trois quarts des émissions de GES du tourisme sont liés au transport. C’est 77% dont 68% sont liés aux origines de la destination, c’est-à-dire au déplacement que l’on fait pour aller et revenir de son lieu de vacances. Ensuite, 41% de ses 77% sont liés aux déplacements en avion. »
« Il faut arriver avec beaucoup d’humilité et respecter le lieu où on va »
Aujourd’hui la France, première destination touristique mondiale, a déclaré vouloir faire du pays la première destination touristique durable. On parle souvent de slow-travel, de tourisme éco-responsable et durable… Mais en fait concrètement ça veut dire quoi ? On a posé la question à nos invités, et ils étaient plutôt unanimes sur la définition.
Pour eux le tourisme durable c’est un tourisme qui tient compte de ses impacts sur le plan social, économique et environnemental. Aussi bien présent que futur. Tout en répondant à l’attente des visiteurs, des professionnels et des communautés d’accueil.
Clément, a quant à lui ajouté sa vision à cette définition, « le tourisme durable c’est aussi un tourisme qui respecte la faune et la flore c’est-à-dire ne pas aller dans des zoos ou dans les aquariums quand on se rend quelque part ».
Pauline, elle, prône la sobriété heureuse « Moins mais mieux, l’idée c’est de se déconnecter de cette envie de vouloir cocher des cases, arrêter de cocher des trucs à faire et s’émerveiller de choses plus simples. On à tous déjà été à un endroit pour cocher une checklist de lieux qu’on avait vu sur Instagram, mais il faut apprendre à découvrir de nouveau lieux soi-même. »
« Il faut avoir plus de nuance, montrer et communiquer sur les impacts du tourisme pour que les décisions soient pleines, entières, concertés et responsables »
Le tourisme responsable est un sujet novateur pour beaucoup de français. Bien qu’il soit compris et soutenu, on a souvent du mal à passer le cap et à voyager vraiment responsable. Pour cela on a voulu démystifier un peu le terme et surtout casser les idées reçues.
Faut-il arrêter de prendre l’avion pour voyager responsable ?
Encore une fois tout est une question d’équilibre et comme le dit Jérémie « mieux vaut que tout le monde réduise ses déplacements en avion plutôt que dix personnes arrêtent totalement de le prendre ».
Pour Pauline le problème est aussi politique « c’est plutôt facile d’attendre que les consommateurs soient les seuls responsables de leurs choix. Si on peut avoir des politiques qui nous aident à faire ces bons choix, ça serait aussi plus facile ».
Clo & Clem ont eux évoqués une alternative technologique « Il se peut que les compagnies aériennes développent d’autres formes d’avions moins polluants ». Et une réalité financière « On est allés en Turquie en prenant uniquement des trains, le voyage a duré deux ou trois jours et ça nous a coûté trois à quatre fois plus cher qu’en avion. On ne peut pas taper sur les personnes qui n’ont pas les moyens »
Pour respecter les engagements de l’Accord de Paris, on devrait d’ici 2050 ne pas dépasser les 2 tonnes d’émission de CO2 par personne et par an. 2 tonnes de CO2 c’est l’équivalent d’un aller-retour Paris / New York.
Faut-il boycotter les grands groupes hôteliers pour s’héberger responsable ?
Jérémie est clair « Dans la transition écologique il faut accompagner tout le monde. On a aujourd’hui la possibilité d’enclencher des labels environnementaux sur des gites éco-responsables, sur des hôtels… Et les grands groupes hôteliers s’engagent, j’invite justement les gens à se renseigner et à y aller »
C’est aussi souvent une question de visibilité car comme le dit Claudia « Pour nous les grands groupes hôteliers c’est synonyme de tourisme de masse, ils sont peut-être engagés mais on ne les connaît pas. »
Pauline, elle, s’accorde avec Jérémie sur le principe. Il faut aussi les embarquer dans la transition, au-delà de ça le problème c’est aussi « qu’il y a beaucoup de monde au même endroit. On ne répond pas à la logique de répartition des flux qui est l’enjeu du tourisme de demain »
Pour rappel, 95% des touristes se répartissent sur 5% de la Terre et aux mêmes moments.
Voyager responsable coûte-t-il vraiment plus cher ?
Selon Jérémie, « sur le pôle transport on a encore des barrières assez fortes qui nous font privilégier l’avion au train pour des questions de prix, mais a priori si on est sur du local et de la proximité on a moins de dépenses ».
Clément lui, nous a conté ses voyages « Il est possible de vire des expériences folles à deux pas de chez soi. On est parti randonner dans le cantal. On a pris le train de Paris, puis on a marché trois jours. Ça nous a coûté le prix d’un TER et deux nuits dans un gîte. Ça nous a valu une expérience incroyable. ».
Pauline, privilégie les voyages locaux, « Pour le même prix, on va pouvoir partir plus souvent, et avoir une impression de dépaysement plus régulière. »
« On est un couple lambda »
ZOOM SUR CLO & CLEM
Elle est étudiante, lui travaille. Ils se voient rarement, très tôt le matin ou très tard le soir. En 2013, ils se marient. Ils partent randonner trois semaines au Népal et là c’est le déclic. Ils passent enfin du temps ensemble et surtout ils veulent que ça continue.
Ils décident de tout plaquer, ils quittent leurs jobs, ils vendent leurs biens… Ils ont donc le temps et l’argent !
Le crédo « On a envie de vivre sur les routes, vivre des expériences, rencontrer des gens »
Ils partent alors pour un tour du monde sans avion et reviendront trois ans plus tard.
« On est arrivés au tourisme responsable car lors de notre voyage au Népal, on était partis avec des sacs poubelles et pendant trois semaines de randonnée on a ramassé des déchets sur notre chemin. On était choqués de voir que dans un environnement si beau, si naturel et si isolé, il y avait des petits villages qui vendaient des bouteilles plastiques. Les gens achetaient et puisqu’il n’y avait pas de poubelles, ils les jetaient dans la nature. On a voulu faire autrement. »
Aujourd’hui le couple voyage beaucoup en France, ils assimilent cela au transport.
« Notre plus gros plaisir c’est de marcher, de faire du vélo. On a découvert que c’était possible de voyager sur plusieurs jours, que ce soit de la randonnée d’itinérances ou du vélo-route. Et c’est possible de le faire dans pleins d’endroits en France ou en Europe. On ne veut pas aller en voiture d’un point A à un point B et juste prendre des photos. Pourtant on est un couple lambda, pas très sportif et pas très courageux, on trouve des solutions. »
« On fait les choses au sérieux mais sans se prendre au sérieux »
ZOOM SUR CHILOWÉ
Pauline, ou plutôt Perdrix Vagabonde, nous présente Chilowé. Oui oui… chez eux c’est détente, exit les prénoms, ils privilégient les surnoms totem. Vous voulez votre surnom made in Chilowé ? C’est cadeau, prenez la première lettre de votre prénom pour l’animal et la première lettre de votre nom pour l’adjectif.
« Fondé il y a quatre ans par Castor Fougueux et Toucan Loufoque. Ce sont des citadins qui passent leur temps dans la nature. Tout le monde était un peu intrigué de savoir comment ils faisaient pour passer autant de temps dans la nature. Ils ont donc créé une newsletter, pour montrer que la microaventure était accessible. D’un média d’inspiration, c’est passé à un site internet avec tout un tas d’infos pratiques pour permettre aux gens de passer à l’action. Malgré ça certains n’arrivaient pas à passer le cap, on a donc lancé le pôle voyages et expériences, car les gens avaient besoin de se sentir en sécurité avec un professionnel. On a des guides, les capitaines Chilowé et la communauté avec qui partir. On propose donc des micro aventures à faire en totale autonomie. »
Les conseils de nos invité.e.s pour partir en vacances responsables :
– Lorsque vous avez des vacances courtes : privilégiez les destinations locales, en favorisant les activités outdoor et les randonnées d’itinérances. Essayez de garder vos grandes vacances pour partir plus loin et plus longtemps.
– Allégez vos bagages lors de vos voyages en avion = 15kg en soute c’est l’équivalent de 200kg de CO2 émis, pour cela privilégier les produits de soins solides, la location d’équipement sportifs sur place…
– Téléchargez l’application Mapstr, de plus en plus de cartes sont axées « tourisme de durables » plutôt utile pour s’échanger les bons plans.
– Écoutez les récits de voyages durables, cela favorise votre imagination et vos envies.
– Rapprochez-vous des agences spécialisées si vous avez besoin d’être guidé.e.
– Lisez les recommandations de l’ADEME et sensibilisez vous à la cause.
– Identifiez les labels et lisez les plateformes d’ATR et de l’ATES.
– Identifiez vos envies, ne partez pas pour une simple photo Instagram.
– Donnez-vous des défis ! par exemple faire une randonnée de X km.
– Visualisez la globalité de l’impact de votre voyage, et pas seulement celle du transport.
– Et surtout retrouvez du fun ! Partir en étant responsable, ce n’est pas une punition.
Pour plus de tips n’hésitez pas à aller faire un tour sur la page Instagram de @MediaShift, vous trouverez dans les prochains posts, des conseils et des ressources concrètes pour des vacances plus responsables.
Nos invitées vous livrent quelques conseils supplémentaires dans notre vidéo : A toutes fins utiles !