Résumé
Job en quête de sens : à la poursuite de l’impact positif
21 septembre 2021
Nos invitées :
Hélène De Vestele
Fondatrice d’Edeni
Souba Manoharane-Brunel
Co-Fondatrice des Impactrices
Claire Pétreault
Créatrice des Pépites Vertes
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Edito
Plus que jamais, nous questionnons le sens du travail, le sens au travail et germent de manière significative le besoin de se sentir utile et de s’orienter vers une transition professionnelle en faveur de la transition environnementale et sociétale.
À la recherche de plus sens, de plus d’impact, le tout dans une démarche individuelle mais aussi collective au service des autres, de la société et plus largement du monde. Une fois qu’on s’est dit ça : Comment je fais ? Par quoi je commence ? Est-ce que je peux réellement initier cette transition à mon niveau ou est-ce qu’au final c’est réservé aux écolos, activistes, militantes ou à des personnes qui ont plus de poids ou de pouvoir que moi ?
Les réalités et les idées reçues de la transition professionnelle à impact
Pour nous situer au mieux les réalités de la transition professionnelle à impact, nous avons posé à nos invitées ces questions que nous pouvons nous poser ou qui peuvent faire l’objet d’idées reçues parfois, dois-je tout abandonner pour commencer ma transition ? Est-ce que c’est réservé aux jeunes ou aux plus aisé.e.s ? Elles nous ont renseignées sur ces questions qui peuvent malheureusement freiner les ambitions.
Suis-je obligée de tout lâcher pour opérer ma transition professionnelle écologique ?
Quand on évoque une transition professionnelle en faveur de la transition écologique, on se limite souvent à des transitions radicales du type : je lâche tout pour faire de la permaculture au milieu du Cantal…rassurez vous, il existe des transitions bien moins extrêmes. Comme le dit Souba, « Il y a une pluralité de profils, donc une pluralité de solutions ». Effectivement pour certaines personnes ce besoin de changement radical est essentiel, mais il ne correspond pas à tout le monde. Autre point souligné par Hélène, « On a accumulé d l’expérience et il faudrait être totalement folle ou fou pour faire table rase de tout cela alors qu’on a acquis des compétences. On est dans l’urgence donc on n’a pas de temps à perdre de systématiquement repartir à zéro. »
C'est plus simple quand on est jeune ?
Sous la pression de l’éco-anxiété, beaucoup de jeunes se sentent responsables du destin de la planète. Ils sont à la recherche DU job qui fera changer les choses et qui « sauvera le monde », précise Claire.
Cette génération est bien plus sensibilisée que les autres au sujet de la question environnementale, ce qui est dû notamment aux informations quotidiennes qu’elle reçoit « les jeunes ressentent cette urgence à agir ». Plus sensibilisée et poussée par l’injonction du « vous êtes la dernière génération à pouvoir changer les choses » cela rend effectivement l’engagement plus accessible aux juniors qu’aux seniors, nous précise Souba. Au delà de ça et comme nous l’explique Hélène, la transition professionnelle chez les senior est plus difficile pour deux raisons :« Lorsqu’on est senior on à plus à perdre, on a accumulé plus de possession matérielle, des prêts, on a une famille c’est donc plus compliqué de mettre sa vie professionnelle en jeu ». Elle poursuit ensuite, « À partir de quarante cinq ans on a plus de biais cognitif accumulés qui conditionnent notre raisonnement et qui font qu’on a plus de mal à accueillir la nouveauté.»
Toutes s’accordent en revanche sur le même point très joliment résumé par Souba : « Ce n’est pas impossible de transitionner quand on est senior. Lorsqu’ils comprennent les enjeux on a aussi besoin de leur potentiel intellectuel et créatif pour trouver des solutions innovantes »
La transition à impact est-elle accessible à tous ?
Face à cette question on s’est rendu compte qu’il existe plusieurs obstacles pour opérer sa transition, ils sont notamment liés aux discriminations systémiques. Les jobs à impact sont aujourd’hui principalement occupés par des profils issus de grandes écoles. Grâce à Claire, on a pu comprendre pourquoi « Ces jobs-là sont moins rémunérés et il faut pouvoir se permettre de sortir de ces études et de se dire qu’on va trouver un job payé 1500€ alors que ça fait 5 ans qu’on se forme. Pour cela il faut avoir un capital social et culturel. Ces jobs moins rémunérateurs sont donc accessibles aux personnes plus privilégiées.»
Aujourd’hui la transition professionnelle environnementales est plus difficile pour une femme que pour un homme. Souvent on retrouve les femmes dans les métiers du « care » sur la branche éthique et sociale, puis on s’aperçoit que plus on gravit les échelons et moins on voit de femmes : c’est le fameux plafond de verre. Souba nous explique : « Au comité de direction nous n’étions que deux femmes, comme par hasard aux pôles RSE et communication, deux sujets perçus comme féminin donc. Et juste au-dessus il y avait le Comex, il y avait 8 personnes, 8 hommes, et il n’y a jamais eu depuis la naissance de cette entreprise aucune femme.»
Au-delà du sexisme systémique, il existe aussi un vrai fléau, celui de la sous représentation. Comme l’explique Souba, ces sous représentations mènent à un écart d’engagement entre les différentes classes : « Les personnes les plus représentées ont les mêmes profils : blanc et privilégié. Ce sont ceux qui investissent les sphères à impact. Il y a des manques de rôles modèles, et les personnes moins représentées ont du mal à se projeter. Il n’y a même pas les mêmes accès à l’opportunité de se projeter.» Elle ajoute ensuite « Il existe aussi des obstacles systémiques. Si on associe cela au prisme de classe sociale, on constate que les personnes issues de banlieues sont invisibilisées dans ces espaces-là. Tout cela est lié à la classe sociale, au racisme et à d’autres discriminations et pressions.»
« Il n’y a pas de perfection, en revanche on peut éviter de faire huit pas en avant sur un sujet et dix en arrière sur un autre »
La théorie c’est bien, mais le concret c’est mieux ! On a donc demandé à nos invitées de nous livrer leurs conseils, pour vous aider à entamer votre transition.
Le conseil de Claire :
Suivre la stratégie Ikigai qui permet d’identifier ce qu’on aime faire, trouver nos points forts, savoir ce dont le monde a besoin et comment on peut être rémunéré pour faire ça. » Tous ces thèmes sont détaillés dans un article écrit par Claire « 21 questions à se poser pour identifier le job qui correspond à mes valeurs » et disponible sur le site des Pépites Vertes.
Les conseils de Souba :
S’écouter soi, se connaître soi-même et suivre son intuition. L’intuition c’est la partie de soi qui n’est pas encore conditionnée par la société. C’est comme ça qu’on identifie ses valeurs. C’est notre boussole.
S’informer et se former autrement pour réfléchir et agir à la racine.
Rejoindre une association locale (comme les Impactrices !). Se lier à une action collective qui nous ressemble et qui rassemble. C’est ensemble qu’on arrivera à relever le défi climat.
Le conseil d’Hélène :
Il faut se nourrir et se demander ce qui existe ailleurs dans le monde.» Pour cela vous pouvez accéder gratuitement à la bibliographie d’Edeni directement depuis leur site. Vous pouvez aussi lire ces livres conseillés par Hélène.
– La Convivialité d’Ivan Illich
– Liberté et Cie de Brian Carney et Isaac Getz
Et avant tout “Commençons par nous ! Sans culpabilisation mais avec
responsabilisation, enthousiasme, curiosité, radicalité et bienveillance.”
Cette causerie placée sous le signe de l’écoute de soi, de la tolérance et du partage, nous a permis d’échanger librement et de donner des clés pour initier une transition professionnelle en faveur de la transition écologique. Et si vous avez encore des doutes et que vous trouvez ça un peu utopique, Hélène a la réponse : « L’utopie elle est du côté de ceux qui pensent qu’on va pouvoir continuer comme ça sans rien changer. Ce n’est pas utopiste, c’est réaliste.»
Nos invitées vous livrent quelques conseils supplémentaires dans notre vidéo : A toutes fins utiles !